timbre freinet

 

CAPS Yves, ( 1900-1982) pionnier de Gironde

Département

Lieu(x) d'exercice

Bègles ( école Gambetta)

Personnalité

Notice

Trésorier de la Cinémathèque coopérative de l'enseignement laïc (CCEL) à sa création en 1927, il devint trésorier de la Coopérative de l'enseignement laïc (CEL) créée en 1928 lors de la fusion de la CCEL avec la coopérative d'entraide pédagogique. Instituteur à Villenave-d'Orgon et à Bègles. Il était le fils d'un ouvrier mouleur sur métaux et d'une mère, couturière à domicile.

 

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Gambetta

Je suis allé à l’école Gambetta, à Bègles, de 1925 à 1934. L’école des filles du quartier se trouvait à Emile Combes. Je me souviens très bien de l’un de mes maîtres, Yves Caps. On devrait donner son nom à une rue car c’était un maître formidable. Il était précurseur et pratiquait la méthode Freinet. Quand nous avions des rédactions, il disait : « Maintenant, rédaction libre ! » Il n’y avait pas de sujet. Chacun racontait ce qu’il voulait. Il avait une autorité naturelle tellement extraordinaire qu’il ne punissait jamais personne. C’était le calme absolu. Tout le monde l’appelait Monsieur Caps alors qu’il était d’usage d’appeler les enseignants par leur nom «Tiens, je viens de croiser Allégret, Gimonteil… », mais on disait : « Je viens de voir Monsieur Caps. » Il avait une boîte à questions où chacun déposait une question, puis on tirait au sort. Ça a été mon second père. On a tous conservé de lui un souvenir ému et pour ses soixante-quinze ans, en 1975, nous avons organisé une fête. J’étais son médecin, j’allais le voir le mercredi à Pessac et je m’étais arrangé pour l’inviter avec cent soixante-douze anciens élèves. Ça a été une joie énorme pour tout le monde. Mes parents n’avaient pas fait d’études et je n’ai jamais été aidé par mes parents.

J’ai eu mon certificat d’études avec la mention très bien. Sur le canton, il y a eu cinq mentions très bien, dont quatre provenaient de la classe de Monsieur Caps, puis je suis entré au collège technique à Talence car les élèves de Bègles continuaient tous à Talence. J’étais en section M, destiné à être soit ingénieur, soit instituteur, mais un de mes oncles, instituteur, a pu convaincre mes parents que je devais aller au lycée Montaigne ; c’est ainsi que j’ai fait de l’espagnol au collège technique de Talence pour avoir quelques bases et réussir le concours d’entrée à Montaigne (grand lycée de Bordeaux). La première et la deuxième année, je n’ai rien fait en maths mais j’étais quand même premier et j’ai eu le prix d’excellence en mathématiques. J’ai eu le bac de maths et le bac de philo en 1938. Nous passions le bac de philo par dilettantisme, la même année. On se prenait des bananes quelquefois.

J’allais en tramway de Bègles à Montaigne, ligne 23. Je le prenais à l’église de Bègles, départ et terminus de la ligne, et je m’arrêtais à côté du lycée.

Indécis, j’ai fait des études de médecine. Je ne savais pas quoi faire. C’était la guerre. Il n’y avait pas de médecins. On s’est faits sur le tas. Il fallait six ans d’études avant de devenir médecin, avec des examens tous les ans. Je les ai toujours eus facilement. À la Faculté, j’ai eu Haubertin, le père, comme professeur. J’ai assisté à l’un des premiers cours du professeur Carle sur l’infarctus du myocarde. À cette époque-là, on venait de découvrir de quoi il s’agissait. Je me rappelle ce qu’avait dit Carle : « Une douleur qui tue. » Une douleur d’une telle intensité que le malade ne la supportait pas et mourrait. On avait la morphine qu’on faisait sous-cutanée. Moi je l’ai fait très vite en intraveineuse pour mieux soulager.

Je n’ai pas passé l’internat. J’ai fait mon externat à l’hôpital Saint-André de Bordeaux puis à l’hôpital militaire Robert Piquet. J’ai vu des gars arriver dans des états atroces. Je me souviens d’un jeune de dix-huit ans qui est arrivé sans jambes. Il a fallu l’appareiller sans opération. J’en ai vu un avec les jambes criblées d’obus […] L’externe était chargé d’observer le patient et le professeur contrôlait nos observations. Je n’ai jamais regretté d’avoir choisi médecine, au contraire. (René Picot)

 

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Fête organisée par les anciens élèves de lʼécole Gambetta pour les 75 ans dʼYves Caps en 1975. En bas au centre, avec les lunettes : Yves Caps.