Claude, François, Françoise, Jeanne, Jenny, Karine, Marijo, Marie-Reine, Paul, Patrice,
Tu as consenti à cette aventure d’écriture. Tu as écrit au plus près de tes souvenirs, de tes sensations, de tes émotions peut-être, de tes pensées, de tes actes. Tout n’a pas été écrit, il reste de l’indicible dans cet engagement professionnel, comme dans tous les items de la vie. Clore une histoire de vie collective n’est pas l’enfermer l’enterrer. Bien au contraire, la publier c’est lui offrir le sort d’un pigeon voyageur, d’une bouteille à la mer ou de toute autre métaphore à ta convenance.
Que t’a apporté, révélé cette écriture individuelle et collective ?
Que souhaites-tu qu’elle apporte à son tour ?
À l’instant de conclure, à quoi penses-tu, à propos de cette équipée[1] ?
Voici une proposition ludique, d’écriture dans l’esprit de l’OuLiPo (ouvroir de littérature potentielle, inventé par Raymond Queneau et François le Lionnais). Il s’agit d’écrire une phrase à chaque « je pense ». La conclusion deviendrait ainsi, la somme organisée de ces pensées d’un instant.
Je pense qu’il m’arrive
de douter de l’intérêt et de la pertinence des textes que j’ai écrits
de penser que - au risque de lasser - il pourrait y avoir un tome 2, tant les souvenirs appellent les souvenirs
de perdre du temps à écouter, observer, lire, marcher, jouer de la musique… Mais j’adore ça !
d'imaginer ce que pourrait donner la société si tous les enseignements étaient basés sur les valeurs de la pédagogie Freinet
encore d’apprendre de l’autre
souvent de me sentir fière et heureuse d’appartenir à ce groupe Freinet
quelque chose de passionnant un peu comme ce qui serait de l’ordre d’une enquête policière
une aventure hors du commun, jamais je n’aurais pensé pouvoir la vivre
de croire qu'un autre monde reste toujours possible
Je pense à toutes ces bonnes idées
que nous avons réussi à réveiller à nouveau en nous, comme un puissant sémaphore
que nous avons partagées autour d’un café
qu’on aurait pu mettre et qui n’ont pas eu le temps de germer ou de mûrir
que j’ai reçues des autres et qui m’ont permis d’avancer
qui pourraient être partagées si la norme ne leur tordait pas le cou…
qui ont émergé de nos rencontres, m’ont apporté sérénité et bien-être
que je n’ai pas eu l'occasion de mettre en place dans ma classe
mises en commun depuis le début de cette aventure
débattues, soutenues, parfois criées , mais qui ne sont jamais appliquées Sont-elles si dérangeantes ?
que nous avons osé poser sur papier ...Et à toutes celles qui sont restées dans notre intimité
Je pense qu’à moins d’un miracle,
rien sauf une bombe ne nous empêchera de parachever l’œuvre ?
notre livre ne sera pas en tête de gondole en librairie, mais que nous le ferons vivre
il faudra encore attendre longtemps avant qu’un autre monde existe…
je ne serais jamais un champion de natation …
je pensais qu’à moins d’un miracle, je n’aurais jamais pu fonctionner en PF. Le miracle a eu lieu
je ne croirai jamais en une quelconque religion
je pense qu’à moins d’un mirage, je ne croirai jamais aux miracles
il faudra encore attendre longtemps avant qu’un autre monde existe…
la résistance a du pain sur la planche de chaque côté de la Manche
Je pense que c’est vrai que les gens
ont une idée fausse de ce qu’est la PF
qui disent « Freinet, on en fait tous » ou « Freinet, c’est ringard », ne savent pas de quoi ils parlent
s’attacheront à nos écrits comme s’il leur paraissait intéressant de nous comprendre
se replient sur eux-mêmes alors que c’est avec les autres que l’on construit des beaux projets
n'imaginent pas les capacités de réflexion d'un enfant quand on lui donne la possibilité de s'exprimer
ne prennent pas assez le temps d’observer les enfants
sont capables de dire ou d’écrire ce qu’ils ont dans les tripes, s’ils se sentent en sécurité et reconnus
du moins certains, prendront cet ouvrage que nous leur offrons comme nous l'avons rêvé
de ce groupe sont des être humains très chaleureux